SURDIAGNOSTIC DE L’HYPERTENSION: TROP DE MÉDECINS UTILISENT DES MESURES MANUELLES DE LA PRESSION ARTÉRIELLE

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Selon une nouvelle étude du Centre de recherche du CHUM (CRCHUM), les médecins de famille canadiens utilisent encore trop souvent des appareils manuels pour mesurer l’hypertension artérielle. Une technologie dépassée qui entraîne des erreurs de diagnostic.

« Environ 20 % des gens qui suivent un traitement contre l’hypertension n’ont pas réellement de problème et n’auraient pas besoin de médication », assure Janusz Kaczorowski, chercheur au CRCHUM et professeur au Département de médecine de famille et médecine d’urgence de l’Université de Montréal.

La fourchette dont est tirée cette moyenne est même encore plus inquiétante. Selon les études, on parle en effet « d’estimations de 15 % jusqu’à 40 %, en fonction des milieux et de la population » précise le chercheur.

Trop de médecins de famille continuent pourtant d’utiliser « une mesure sous-optimale » de la pression artérielle pour le dépistage de l’hypertension, comme l’a montré l’étude publiée par Janusz Kaczorowski dans Canadian Family Physician. Cette technologie « date de la fin du 19e siècle et a eu pour seule avancée depuis l’ajout de velcro ! », rappelle le chercheur, mais surtout elle n’est plus recommandée par les lignes directrices.

Le Guide de pratique clinique d’Hypertension Canada a statué en 2015 que la mesure oscillométrique en série est préférable à la mesure manuelle. Ce n’est pas tant que les mesures manuelles donnent de faux résultats. Quand elles sont bien prises, en milieu de recherche et avec toutes les précautions nécessaires, elles sont aussi précises que les mesures électroniques. Le problème, c’est que le contexte clinique est rarement idéal.

Des décisions cliniques basées sur des mesures inexactes

Sur le terrain, les mesures manuelles sont problématiques parce que, même si les médecins connaissent les précautions à prendre, ils ne peuvent pas les appliquer. Les médecins de famille se basent ainsi souvent sur une seule mesure plutôt que sur les trois qui sont requises. Et puis, la présence même du médecin entraîne chez trop de patients « une élévation subite et passagère de la tension artérielle », reconnue sous le nom de « syndrome de la blouse blanche ». De toute façon, on a calculé que « pour prendre la tension artérielle de façon correcte, il faut compter autour de 15 minutes », souligne Janusz Kaczorowski, alors qu’en moyenne une consultation chez le médecin de famille dure 10 minutes. Or tous ces problèmes sont « virtuellement » éliminés avec l’approche électronique. Un appareil électronique prend six mesures à une ou deux minutes d’intervalles et supprime la première qui est toujours « autour de 15 mm plus élevé que la deuxième », ce qui permet d’obtenir une moyenne sur cinq mesures très fiables.

Une minorité significative

Pour vérifier où on en était au Canada avec l’utilisation de la mesure électronique, le chercheur et son équipe ont envoyé un sondage aux médecins de famille, via le Collège des médecins de famille du Canada, au printemps 2016. Au bout du compte, ils ont reçu 774 réponses valides, soit un taux de réponse de 16,2 %. Plus de la moitié des répondants ont indiqué qu’ils utilisaient un tensiomètre manuel pour mesurer la pression artérielle. Un résultat qui montre, selon Janusz Kaczorowski, que la situation est en train de s’améliorer, puisque 43 % des répondants utilisaient tout de même un tensiomètre électronique. « Ce n’est pas si pire que cela », a commenté le chercheur pour qui le Canada « est un peu le leader dans les mesures de la tension artérielle ». C’est même une bonne nouvelle pour lui, puisqu’une « minorité significative de médecins de famille utilisent dès à présent la mesure automatique ». Reste que si l’Ontario et l’Alberta tirent le Canada vers le haut dans ce domaine, il est forcé de reconnaître que, selon les résultats obtenus, le Québec est encore en dessous de la moyenne canadienne.

Pourtant, on parle là d’un investissement qui en vaudrait la peine. Un appareil électronique vaut autour de 800 dollars, mais il permet d’économiser en médicaments et en suivi pour des effets secondaires évitables. « Et, en Grande-Bretagne, une étude économique a montré que cet outil est coût-efficace », conclut Janusz Kaczorowski.

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